Enjeux éthiques soulevés par la vaccination contre la Covid-19
5 devrait aussi permettre de réduire l’hétérogénéité locale des décisions entre établissements au sein d’un même territoire. Cela suppose l’adhésion et un soutien clair de la part des directions des entreprises de gestion de maisons de retraite médicalisées à des choix locaux, différenciés et évolutifs. À la lumière de cette brève analyse, le principe auquel on doit se référer est un principe de stricte proportionnalité entre les risques et les bénéfices d’une levée des mesures de confinement. Cet équilibre s’installe aussi dans une relation de confiance à l’échelle du lieu de vie, entre résidents, professionnels de santé des établissements, familles et responsables devant construire collectivement une décision engageant une responsabilité morale individuelle et assumée. Cette démarche, construite au cas par cas, devrait conduire à plus de liberté pour les résidents et leurs familles. Corrélativement à cet assouplissement attendu, il serait évidemment souhaitable que les gestes barrières soient adaptés et, en cas de nécessité, renforcés pour protéger ceux qui ne sont pas vaccinés, voire prévenir l’apparition d’un foyer épidémique. Il faudrait aussi veiller à ce qu’une information claire et transparente concernant l’évolution de ces mesures soit communiquée aux résidents et à leurs proches, mais aussi aux tuteurs et personnes de confiance accompagnant les patients souffrant de troubles cognitifs. 2. Un enjeu éthique : la vaccination insuffisante des professionnels de santé et d’appui à la personne Le CCNE et la CNERER ont souhaité se pencher sur les enjeux éthiques que mobilise aujourd’hui la question de la vaccination des professionnels de santé et d’appui à la personne, et proposer quelques éléments de réflexion fondés sur une démarche de questionnement éthique pour faciliter l’adhésion à cette vaccination. L’immunité, qu’elle soit conférée par le vaccin ou acquise naturellement à la suite de la Covid-19 est d’abord individuelle parce qu’elle protège la personne contaminée contre le développement de la Covid- 19 ; elle protège également la santé d’autrui. Des données récentes suggèrent une diminution de l’infection et des formes asymptomatiques, et donc possiblement une diminution de la transmission du virus (d’environ 60%) chez les personnes vaccinées avec le vaccin ARN messager de Pfizer 19 . Mais parler d’immunité collective requiert que, dans une population donnée, la proportion de sujets immunisés/protégés soit telle qu’un individu infecté introduit dans cette population 20 transmet le pathogène à moins d’une personne en moyenne (R 0 < 1), conduisant ainsi à éteindre progressivement l’épidémie. Les données actuelles suggèrent qu’en France, cet objectif d’immunité collective n’est pas atteint 21 . 19 S. Mallapaty (2021). Can Covid vaccines stop transmission. Scientists race to find answers. Nature, 19 feb. 202 1 https://www.nature.com/articles/d41586-021-00450-z Voir aussi : M. Lipsitch, R. Kahn (2021). Interpreting vaccine efficacy trial results for infection and transmission; medRxiv preprint. https://doi.org/10.1101/2021.02.25.21252415 - V.J. Hall et al (2021). Effectiveness of BNT162b2 mRNA vaccine against infection and Covid-19 vaccine coverage in healthcare workers in England, multicentre prospective cohort study (the SIREN study). The Lancet ( in press ). 20 On trouvera des développements de ces concepts dans l’article de J-F Bach et al. (2021) : Covid-19 : individual and herd immunity in Comptes rendus de l’Académie des sciences - Biologies - https://doi.org/10.5802/crbiol.41 21 Les données mentionnées dans l’avis du Conseil scientifique Covid-19 du 11 mars 2021 indiquent que 17 % de la population française auraient été infectés par le SARS-Cov-2 en métropole, auxquels s’ajoutent le pourcentage de personnes vaccinées (voir note 2).
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