ERENA

cirrhose est déjà très grave puisqu’elle a déjà présenté des hémorragies digestives alors qu’elle était en Géorgie. Elle avait aussi de l’ascite : c’était une cirrhose sévère, décompensée. Nous la prenons en charge. Nous ne pouvons pas la renvoyer dans un foyer particulier puisqu’elle est complètement isolée sur un plan familial et social. La prise en charge dans un premier temps est de diminuer l’hypertension portale. Elle a par ailleurs une complication rénale, une pyélonéphrite obstructive, un diabète. Elle fume mais aucune prise de boisson alcoolisée. C’est un élément important car la transplantation hépatique n’est proposée qu’en cas d’arrêt de l’alcool. Reste le contexte social : cette dame est arrivée toute seule probablement avec un passeur, elle était coiffeuse en Géorgie, elle a tout vendu, elle n’a aucun entourage familial en France. Sa fille est restée en Géorgie, elle a l’AME (Aide médicale de l’Etat). Au début lorsqu’elle arrive, nous lui trouvons un foyer logement pour deux mois. Comme sa cirrhose est sévère, elle va avoir des signes de souffrance encéphalique donc des troubles comportementaux qui vont être incompatibles avec son hébergement en foyer (violence, non-respect des consignes). Elle est donc hospitalisée pendant 7 mois et un bilan de greffe est réalisé : il n’y a pas de contre-indication médicale à la greffe. Mais hélas, en dépit de sa longue hospitalisation, en dépit des efforts faits pour améliorer sa situation sociale, il est impossible d’obtenir son hébergement dans un foyer ou un appartement. Elle n’a aucun entourage et elle n’a pas de toit. Elle est donc en situation de transplantation. Lors de la concertation médico-chirurgicale, l’indication de transplantation n’est pas retenue en raison de l’isolement familial et social, de la précarité très sévère (financière et sociale), et de l’absence de tout apprentissage de la langue française. Concernant ce dernier argument, il est vrai cependant que des patients ne parlant pas le français ont pu être pris en charge et leur traitement immunosuppresseur a pu être géré. Cette malade stabilise son état hépatique. Dans les maladies du foie, on évalue la gravité, par un score qu’on appelle score MELD et c’est à partir d’un score de 14 que l’on considère qu’il y a un bénéfice à la transplantation hépatique. Elle est à un score de 11, elle aurait moins de bénéfice à la transplantation. Elle a un suivi urologique régulier et puis en 2018 finalement elle a un logement à La Rochelle. Elle est revue en fin d’année 2019 et à ce moment-là elle va beaucoup mieux. Elle est traitée pour son hépatite C : le virus est éradiqué mais elle conserve toujours cette cirrhose et on sait que chez ces patients le risque alors même que la maladie du foie n’est pas sévère, est d’avoir un cancer du foie. Que pourra-t-on faire si elle développe un cancer du foie ? Nous n’avons pas d’alternative (pas de dialyse). Ce n’est pas un problème pour nous de transplanter les patients avec des cancers. On enlève le foie, on en remet un autre et s’il n’y a pas de cancer ailleurs que dans le foie, ce n’est pas un problème. Mais là, elle est toujours isolée sur le plan familial, elle n’a pas appris un mot de français. Elle vient toujours avec la personne qui s’occupe du logement de coordination thérapeutique. C’est une personne très sympathique, elle n’a plus de signes d’encéphalopathie et on peut donc bien communiquer avec elle. Le jour où elle va faire ce cancer du foie nous allons nous reposer la question : Que faire ? Concernant le prix, une greffe de foie c’est 120 000 euros, ensuite le suivi est d’environ 20 000 euros/an. 48

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