ERENA

personnels administratifs hospitaliers et non hospitaliers qui font aujourd’hui tous ceux qu’ils peuvent pour soutenir les équipes de transplantation ? Au fond ces situations de précarité renvoient aussi l’hôpital à ses missions sociales mais si la loi a voulu en 1975 distinguer le sanitaire et le médico-social. Comment séparer la santé de son contexte social ? La fonction sociale des hôpitaux est inscrite dans leur origine-même puisqu’ils furent pendant des siècles les lieux d’accueil des pauvres. Reste enfin à demander quel est le sens de la latitude décisionnelle laissée aux équipes de transplantation concernant les greffes chez les migrants ? Les pouvoirs publics ne donnent pas de directives mais peuvent-ils en donner ? Comment pourraient-ils dire que tous les migrants malades sont greffables ? On les accuserait de laxisme et on pointerait le danger de créer un « appel d’air » pour les passeurs. Comment pourraient-ils dire qu’aucun migrant ne serait greffable au risque alors d’être taxés d’inhumanité ? Comment pourraient-ils lister des conditions qui pourraient apparaître comme un couperet pouvant faire obstacle aux indications médicales des greffes ? Les équipes médicales sont-elles pour autant abandonnées ou doit-on penser que les décisions ultimes leur sont, de facto, confiées. Il est dommage que cette délégation ne soit pas explicite car en fait le pouvoir décisionnel des équipes médicales relève du principe de subsidiarité. Ce principe édicte que ce qui peut être décidé à l’échelon B ne doit pas l’être à l’échelon A. Les décisions se prennent ainsi au plus près du niveau de leur application. Cela ne veut pas dire que les décisions soient faciles à prendre. Cela ne veut pas dire qu’elles n’exposent pas à des tensions. Mais cela veut dire qu’elles permettent aux équipes médicales de mettre en œuvre une éthique de la responsabilité qui respecte leur agentivité, c’est-à-dire leur capacité à être les auteurs de leurs actes. Certes ce qu’on aimerait c’est que ce principe de subsidiarité soit reconnu et que la prise de conscience soit faite : les décisions sont difficiles, torturantes, angoissantes. Mais il est vrai que l’Etat confie une responsabilité considérable aux transplanteurs, celle d’agir en leur âme et conscience. Et cette délégation de responsabilité est un hommage rendu aux transplanteurs même s’il demeure dans le non- dit. La réflexion éthique, enrichie et soutenue par toutes les observations qui ont été formulées ne pouvait avoir pour but d’indiquer des solutions. Elle devait tenter un exercice de discernement qui peut conforter le sens que les soignants et plus précisément les transplanteurs peuvent repérer dans leurs actions au service des plus vulnérables. 60

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