Enjeux éthiques soulevés par la vaccination contre la Covid-19

7 2020 et mars 2021 25 ) et celui de la contamination des patients et des personnes prises en charge par des professionnels de santé infectés. De fait, de nombreuses situations d’infections nosocomiales par le SRAS-CoV-2 et son variant « britannique » sont rapportées dans les établissements, touchant patients et professionnels, et ayant pour origine patients ou soignants lorsque l’analyse des cas groupés a pu être faite 26 . On rappellera aussi qu’en raison de la pénurie en ressources humaines qualifiées, certains de ces professionnels ont été incités à travailler alors qu’ils étaient contaminés. L’inquiétude vient de ce que, selon les données de Santé publique France, la proportion de professionnels de santé en milieu hospitalier ayant reçu au moins une dose de vaccin atteint seulement 46,3 % le 21 mars 2021, même si ce pourcentage progresse régulièrement 27 . Ce pourcentage est équivalent pour les professionnels travaillant en EHPAD (40 à 60 % selon les régions 28 ). Plusieurs enquêtes ont confirmé l’hésitation vaccinale – déjà observée lors des campagnes de vaccination précédentes pour d’autres pathogènes - soulignant que si elle touchait peu les médecins, elle concernait la moitié des infirmiers et les deux-tiers des aides-soignants 29 . B – Les enjeux éthiques Pour le CCNE et la CNERER, il est impératif de se donner pour objectif que tous les professionnels de santé et tout intervenant médico-social exerçant en établissement et à domicile soient rapidement vaccinés. Ils rappellent qu’il s’agit d’un enjeu éthique et déontologique fondamental, et que si la liberté individuelle doit absolument être respectée, elle s’arrête à la mise en danger d’autrui : un principe éthique essentiel est de ne pas nuire à autrui. De ce fait, tout risque, ici de transmettre le virus dans un contexte professionnel notamment, qui peut être induit par un comportement individuel, nous amène à affirmer que la vaccination, au-delà de son impact personnel et collectif, relève de la déontologie professionnelle et répond à une exigence éthique. Mais il faut aussi s’interroger sur les raisons du décalage chez les personnels de santé entre leur souhait profond de protéger les patients et le dévouement dont ils font preuve depuis le début de l’épidémie, dans des conditions de travail souvent très difficiles, et le pourcentage actuel des personnels vaccinés. Il faut aussi s’interroger sur ce que dit la réticence à la vaccination de la crise profonde dans la confiance accordée au système de santé. 25 72 832 d’entre eux ont été infectés entre mars 2020 et mars 2021 - dont 45% d’infirmier(e)es et d’aides-soignant(e)s. source Santé publique France, bulletin épidémiologique du 11 mars 2021. 26 Voir dans son bulletin épidémiologique du 11 mars 2021, l’analyse de Santé publique France sur les situations d’infections nosocomiales depuis janvier 2020. 27 Selon les données de Santé publique France (18 mars 2021), il est ainsi estimé que 44,2 % des professionnels de santé ont reçu une première dose de vaccin contre la Covid-19 et 24,9 % en ont reçu deux. Cette proportion représente une augmentation de 12 % en une semaine. 28 Données (du 18 mars 2021) relatives aux personnes vaccinées contre la Covid-19 - VAC-SI. Site https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/donnees-relatives-aux-personnes-vaccinees-contre-la-covid-19- 1/ 29 Voir une étude menée auprès de 9 580 personnes par des membres du Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux (GERES), de l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et de l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne, entre le 18 décembre 2020 et le 1 er février 2021.

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