Enjeux éthiques soulevés par la vaccination contre la Covid-19

8 L’acceptation de se faire vacciner – surtout chez les jeunes professionnels de santé - suppose que le risque encouru pour la santé soit connu et négligeable et que l’on ait la certitude que ce geste protège également autrui, en réduisant le risque de transmission en cas d’infection 30 . Ces deux points semblent désormais avoir été démontrés, quoique les données disponibles concernant les effets secondaires provoqués par ces vaccins, s’ils indiquent pour la plupart d’entre eux qu’ils sont bénins 31 , suggèrent pour certains de mettre en place une vigilance accrue. Expliquer des données très évolutives, donc difficiles à appréhender, et créer la confiance par un dialogue incitatif – d’autant plus efficace qu’il se déroulera au sein des équipes sur le terrain – pourrait faire évoluer les réticences. Deux autres difficultés - qui devraient cependant trouver une réponse rapide – contribuent aux hésitations de certains professionnels de santé à se faire vacciner. La disponibilité des vaccins – limitée jusqu’à maintenant - constitue un paramètre majeur : un effort doit être consenti pour que tous les personnels puissent avoir un accès encore plus facilité à la vaccination. On rappellera aussi que cette population n’était pas prioritaire dans les phases initiales du schéma vaccinal de la Haute Autorité de santé publié le 30 novembre 2020, puis élargi début 2021 aux professionnels des établissements de santé de plus de 50 ans ou présentant des comorbidités les exposant à une forme grave de Covid-19, puis à tous les professionnels de santé. L’incertitude concernant l’attribution des vaccins : les vaccins à ARNm, les premiers disponibles, ont été administrés en priorité aux personnes âgées, ainsi qu’à des médecins. Le vaccin AstraZeneca, malgré sa très bonne efficacité sur le virus « historique » et le variant « britannique », a suscité une certaine réticence en raison de la fréquence d’effets secondaires bénins qu’il entraine au décours de la vaccination, source parfois de désorganisation des équipes ; la décision très récente de la Haute Autorité de santé, consécutive à la survenue d’évènements très rares, mais graves, dont la causalité avec le vaccin n’est pas encore établie, de restreindre l’administration du vaccin AstraZeneca aux personnes de plus de 55 ans, a pu encore ajouter de la confusion. Un sentiment de manque de considération à l’égard des professionnels de santé a pu naître d’une différence dans les priorités d’accès à tel ou tel vaccin, même si personne en France ne choisit son vaccin et que l’attribution est définie par les autorités au vu de critères scientifiques et médicaux. Il apparaît à ce titre que l’accès des personnels de santé et des personnels socio-médicaux aux vaccins ayant le spectre de protection le plus large possible vis-à-vis des différents variants qui circulent devrait être privilégié, compte tenu de leur risque d’exposition à des patients porteurs de variants non immédiatement identifiés. 30 La réduction de la transmission du virus après vaccination a été clairement démontrée pour les vaccins à ARNm ; pour le vaccin AstraZeneca, les données sont encore insuffisantes. 31 A. Remmel (2021). Covid vaccines and safety: what the research says. Nature 590, 538-40. M.C. Castells, E.J. Phillips (2021). Maintaining Safety with SARS-CoV-2 vaccines. N Engl J Med, 384, 643- 649. DOI: 10.1056/NEJMra2035343 .

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